La MOA pragmatique du SI (Business Analysis, Analyse d'Entreprise, Maitrise d'Ouvrage)

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Tag - Créativité

Fil des billets - Fil des commentaires

mardi, novembre 16 2010

La MOA doit-elle être un expert fonctionnel monomaniaque ?

La MOA doit-elle être un expert fonctionnel ? Est-il bon d'être spécialisé sur un seul domaine ? Voilà une idée de sujet pour mon blog que l'on m'a soufflée aujourd'hui. La personne qui m'a posé cette question n'est pas la seule à se la poser ! Michelle Swoboda répondait à une question similaire sur le blog de Bridging the Gap : Help a BA! What is the difference between a subject matter expert and a business analyst?

Oui, la MOA peut être un expert fonctionnel...

Les MOA peuvent être au départ un expert fonctionnel qui est monté en compétences sur les aspects projet et les techniques de la maîtrise d'ouvrage. Par exemple, en finance de marché, un ancien opérateur Front ou Middle Office peut devenir maîtrise d'ouvrage sur un projet SI (comme Jérôme Kerviel : "consultant informatique" au revenu de "2.300 euros"). Dans ce cas c'est un expert fonctionnel et métier qui est monté en compétences pour apprendre ce qu'était un projet SI et quelles étaient les activités d'une MOA et les livrables à fournir dans le cadre d'un projet SI. Plus souvent les MOA acquièrent l'expertise fonctionnelle avec le temps, en restant plusieurs années dans le même domaine fonctionnel. Elle devient alors un expert fonctionnel.

... mais être un expert fonctionnel ne signifie pas qu'on est une bonne MOA...

Être un expert fonctionnel ne signifie pas que l'on est une bonne MOA. La maîtrise d'ouvrage est un domaine fonctionnel à part entière. Il y a énormément de compétences à acquérir propres à ce domaine, les process de développement informatiques sont spécifiques à cette industrie. De plus quand on est MOA sur des projets SI, il faut avoir une culture informatique importante pour pouvoir comprendre les enjeux IT.

... alors finalement faut-il changer de domaine fonctionnel ?

Recrutez des gens d'autres industries ! Je vous invite à lire cet article Why Innovation Is Beginner's Luck qui parle des défauts que l'on peut avoir lorsqu'on est depuis trop longtemps dans une même industrie (The Myopia of Experts). Il est vrai qu'un regard neuf amène toujours des solutions qu'on n'arrive pas à faire émerger quand on est depuis trop longtemps sur le même sujet. Mais si vous choisissez de recruter une MOA qui n'est pas un expert du domaine, il vous faudra quelqu'un d'autre pour remplir ce rôle ! Donc cela ne fonctionnera que si vous avez des utilisateurs expérimentés et disponibles avec qui travailler ou alors si votre organisation a la maturité nécessaire pour formaliser ce type de rôle.

Finalement, en tant que MOA, je pense qu'il vaut mieux être spécialisé dans un domaine plutôt que d'être complétement généraliste. Il est important d'être passionné par le domaine dans lequel on travaille et d'essayer d'en apprendre un maximum afin d'être critique vis à vis des demandes des sponsors et des utilisateurs. Mais pourquoi ne pas construire sa carrière sur deux ou trois domaines de prédilection ? Cela permet de garder de la fraicheur et de rester innovant. L'inconvénient c'est que cela demande de se remettre en cause et de prendre des risques...

vendredi, octobre 15 2010

Lean, Six sigma, Kanban... la MOA peut-elle rester un artisan du SI ?

Lean, Six sigma, Kanban... les méthodes et outils de l'industrie "lourde" ont débarqué sur le front du SI. Avez-vous déjà visité une usine de production ? Il n'y a que peu de similitudes avec un open space où l'on fait évoluer un système d'information. C'est une critique assez souvent entendue de ces méthodes appliquées à l'informatique : "Un développeur n'est pas un ouvrier sur une chaîne de production, c'est un artisan.". Et la maitrise d'ouvrage du système d'information ? Elle travaille sur des sujets qui sont tous différents, impossible de reproduire une méthode à l'identique, chaque projet a ses contraintes et ses spécificités, aucune solution ne marche deux fois. Alors, comment conserver un esprit créatif quand ces méthodes poussent à l'uniformisation et à la rationalisation ?

Conserver son esprit critique

Un cadre méthodologique permet d'avoir des repères et d'être opérationnel plus rapidement. Mais si cela nous semble nécessaire, il ne faut pas hésiter à sortir de ce cadre. Il n'y a pas de vérité absolue sur la manière de recueillir un besoin ou de modéliser un processus métier. Il faut absolument conserver son esprit critique et remettre en cause le process si celui-ci ne semble pas efficace. D'ailleurs le Lean se base sur le principe Kaizen (amélioration continue)  pour atteindre ses objectifs de performance.

Prendre son temps

Certaines activités intellectuelles ne sont pas compatibles avec le micro management. Parfois, seul le temps permet de démêler des sujets complexes, et une méthode centrée sur le "à faire" / "fait" ne prends pas forcément bien en compte ces temps de réflexion. Il faut apprécier le temps où l'on ne réalise rien comme un temps nécessaire et non pas du temps perdu.

Utiliser les outils de la créativité

Brainstorming, veille concurrentielle, cartes heuristiques... Il existe plein d'outils pour catalyser la créativité. Une ambiance d'équipe sereine permet aussi de laisser libre cours à l'initiative et la créativité, alors qu'une ambiance tendue risque de freiner les propositions de peur d'être rabroué.

Je suis convaincu que l'utilisation de méthodologies et d'outils adéquats permettent de faciliter le travail de la MOA et d'augmenter les performances d'une équipe projet. Mais il ne faut pas agir sans comprendre, et il ne faut pas oublier que ce n'est pas aux équipes projet de s'adapter aux méthodes, mais que ce sont les méthodes qui doivent être adaptées aux équipes. 

L'ordre est le plaisir de la raison, mais le désordre est le délice de l'imagination.
Paul Claudel.